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António Costa, un adepte du compromis au service de l’Union européenne

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Il a vécu son baptême du feu en présidant son premier Conseil européen à Bruxelles ce jeudi 19 décembre : António Costa veut secouer les habitudes prises ces dernières années à Bruxelles… La « méthode Costa », faite de compromis et de relationnel, lui a plutôt réussi au Portugal, mais peut-elle fonctionner à Bruxelles dans un contexte de fortes tensions économiques et politiques ?

Lunettes rondes, cheveux argentés et sourire communicatif : António Costa est visiblement satisfait de « son » premier Conseil européen en tant que président de l’institution. Il faut dire que l’ancien Premier ministre portugais a déjà réalisé un petit exploit en concluant en une seule journée ce conclave des dirigeants européens… une « méthode Costa » déjà saluée par ses interlocuteurs de l’Union européenne. « Je pense que nous avons réussi à concentrer le travail des dirigeants sur la discussion stratégique et politique, en confiant la préparation du sommet à nos ambassadeurs », s’est donc félicité l’ancien Premier ministre à l’issue de ce premier Conseil européen, tandis qu’aux étages du bâtiment Justus Lipsius, les dirigeants européens ne cachaient pas leur soulagement de pouvoir rentrer dans leurs pays respectifs aussi rapidement. « Il a voulu ramasser le Conseil européen sur une seule journée alors que jusqu’à présent, c'était sur deux jours », salue Pascale Joannin, directrice générale de l’Institut Robert Schuman. « C’est vraiment la première mesure tangible que l’on voit de la "méthode Costa" — l’idée étant de permettre aux 27 de se voir, d’échanger, mais de le faire plus rapidement, même si l’agenda est chargé. »

Origines indiennes

Un premier point positif donc pour ce nouveau président du Conseil européen, nommé le 1ᵉʳ décembre dernier pour un premier mandat de deux ans et demi — renouvelable une seule fois. Aujourd’hui âgé de 63 ans, António Costa a grandi au Portugal dans une famille très politisée et engagée contre la dictature de Salazar, une histoire familiale qui l’a beaucoup marqué, de même que les origines indiennes de son père. « Orlando da Costa était originaire d’une famille de Goa, un comptoir indien resté portugais jusque dans les années 1960, et il a ensuite vécu un temps au Mozambique, il a donc eu une histoire familiale liée à la colonisation portugaise », raconte Victor Pereira, chercheur à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université nouvelle de Lisbonne. « Autre élément important dans cette histoire familiale : son père était écrivain et il militait au Parti communiste portugais, qui était le principal parti d’opposition pendant la dictature de Salazar. Sa mère, Maria Antonia Palla, était une journaliste engagée à gauche. Elle a fait notamment des reportages sur les avortements clandestins, ce qui lui a valu des mésaventures avec la justice, mais aussi une réputation de journaliste courageuse et engagée. »

Une première grève à 14 ans

C’est donc très jeune qu’António Costa s’engage en politique, il a d’ailleurs organisé sa première grève à l’âge de 14 ans pour dénoncer l’éviction d’une professeure dans son collège. Passionné de football — il soutient le Benfica — et de cinéma, il devient avocat, milite au Parti socialiste et entre pour la première fois au gouvernement en 1995 à l’âge de 34 ans, sous la houlette d’António Guterres, l’actuel secrétaire général de l’ONU. Il est maire de Lisbonne pendant huit ans, un mandat qu’il met à profit pour revaloriser et dynamiser la capitale portugaise. Puis, en 2015, il devient Premier ministre en formant une alliance à gauche qui est alors totalement inédite au Portugal. Cet amateur de puzzle à 1 000 pièces déploie alors des talents de négociateur hors pair afin d’y parvenir. « Il va réussir à gouverner durant quatre ans avec une formation de gauche radicale et avec les communistes, dont les relations avec les socialistes portugais ont toujours été très tendues, décrypte Victor Pereira. Et ce alors que c’est la droite qui était arrivée en tête aux élections ! En outre, il parvient à rompre avec la politique d’austérité de ses prédécesseurs tout en améliorant la situation financière du pays. »

Un « miracle portugais » qui finit mal pour António Costa : le dirigeant portugais est contraint de démissionner, fin 2023, lorsque son nom apparaît dans une affaire de corruption. L’enquête n’aboutit pas, mais l’ancien avocat doit renoncer à ses ambitions nationales et finit par rebondir au niveau européen, en profitant du départ de Charles Michel pour diriger le Conseil européen.

À lire aussiDémission du Premier ministre portugais emporté par un scandale de corruption

La « méthode Costa »

À Bruxelles, l’ancien Premier ministre n’arrive pas en terrain inconnu. Il a été député européen, et, surtout, il a participé durant huit ans aux Conseils européens dont il connaît toutes les ficelles. Il bénéficie d’une réputation flatteuse : on le sait adepte du compromis — qualité indispensable à Bruxelles. Il maîtrise plusieurs langues, dont le français et l’anglais. Et il a un très bon sens des relations humaines, ce qui pourra lui être utile pour « pacifier » les relations avec Ursula von der Leyen, qui étaient notoirement exécrables avec Charles Michel. « Il souhaite que cette rivalité entre institutions n’existe plus, et qu’il n’y ait plus ces chicaneries et ces mauvaises manières qui ont pu exister auparavant », observe Pascale Joannin, de l’Institut Robert Schuman. « Même si l’on n’est pas toujours d’accord et même si les objectifs ne sont pas toujours les mêmes, il veut éviter que s’installe une rivalité avec la présidente de la Commission comme cela a été le cas durant le mandat de Charles Michel. »

La « méthode Costa », ce sera également plus d’entretiens bilatéraux avec les dirigeants européens — plus de relationnel pour que l’Europe fonctionne mieux… Et pour cela, António Costa veut organiser des « retraites informelles » en plus des traditionnels sommets à Bruxelles. Avec moins de journalistes, et sans déclaration finale. La première de ces « retraites » sera consacrée aux questions de Défense, et devrait avoir lieu en février prochain à Bruxelles.

À lire aussiUkraine: l'UE réaffirme son soutien à Kiev pour une paix juste, «pas à n'importe quel prix»

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Lunettes rondes, cheveux argentés et sourire communicatif : António Costa est visiblement satisfait de « son » premier Conseil européen en tant que président de l’institution. Il faut dire que l’ancien Premier ministre portugais a déjà réalisé un petit exploit en concluant en une seule journée ce conclave des dirigeants européens… une « méthode Costa » déjà saluée par ses interlocuteurs de l’Union européenne. « Je pense que nous avons réussi à concentrer le travail des dirigeants sur la discussion stratégique et politique, en confiant la préparation du sommet à nos ambassadeurs », s’est donc félicité l’ancien Premier ministre à l’issue de ce premier Conseil européen, tandis qu’aux étages du bâtiment Justus Lipsius, les dirigeants européens ne cachaient pas leur soulagement de pouvoir rentrer dans leurs pays respectifs aussi rapidement. « Il a voulu ramasser le Conseil européen sur une seule journée alors que jusqu’à présent, c'était sur deux jours », salue Pascale Joannin, directrice générale de l’Institut Robert Schuman. « C’est vraiment la première mesure tangible que l’on voit de la "méthode Costa" — l’idée étant de permettre aux 27 de se voir, d’échanger, mais de le faire plus rapidement, même si l’agenda est chargé. »

Origines indiennes

Un premier point positif donc pour ce nouveau président du Conseil européen, nommé le 1ᵉʳ décembre dernier pour un premier mandat de deux ans et demi — renouvelable une seule fois. Aujourd’hui âgé de 63 ans, António Costa a grandi au Portugal dans une famille très politisée et engagée contre la dictature de Salazar, une histoire familiale qui l’a beaucoup marqué, de même que les origines indiennes de son père. « Orlando da Costa était originaire d’une famille de Goa, un comptoir indien resté portugais jusque dans les années 1960, et il a ensuite vécu un temps au Mozambique, il a donc eu une histoire familiale liée à la colonisation portugaise », raconte Victor Pereira, chercheur à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université nouvelle de Lisbonne. « Autre élément important dans cette histoire familiale : son père était écrivain et il militait au Parti communiste portugais, qui était le principal parti d’opposition pendant la dictature de Salazar. Sa mère, Maria Antonia Palla, était une journaliste engagée à gauche. Elle a fait notamment des reportages sur les avortements clandestins, ce qui lui a valu des mésaventures avec la justice, mais aussi une réputation de journaliste courageuse et engagée. »

Une première grève à 14 ans

C’est donc très jeune qu’António Costa s’engage en politique, il a d’ailleurs organisé sa première grève à l’âge de 14 ans pour dénoncer l’éviction d’une professeure dans son collège. Passionné de football — il soutient le Benfica — et de cinéma, il devient avocat, milite au Parti socialiste et entre pour la première fois au gouvernement en 1995 à l’âge de 34 ans, sous la houlette d’António Guterres, l’actuel secrétaire général de l’ONU. Il est maire de Lisbonne pendant huit ans, un mandat qu’il met à profit pour revaloriser et dynamiser la capitale portugaise. Puis, en 2015, il devient Premier ministre en formant une alliance à gauche qui est alors totalement inédite au Portugal. Cet amateur de puzzle à 1 000 pièces déploie alors des talents de négociateur hors pair afin d’y parvenir. « Il va réussir à gouverner durant quatre ans avec une formation de gauche radicale et avec les communistes, dont les relations avec les socialistes portugais ont toujours été très tendues, décrypte Victor Pereira. Et ce alors que c’est la droite qui était arrivée en tête aux élections ! En outre, il parvient à rompre avec la politique d’austérité de ses prédécesseurs tout en améliorant la situation financière du pays. »

Un « miracle portugais » qui finit mal pour António Costa : le dirigeant portugais est contraint de démissionner, fin 2023, lorsque son nom apparaît dans une affaire de corruption. L’enquête n’aboutit pas, mais l’ancien avocat doit renoncer à ses ambitions nationales et finit par rebondir au niveau européen, en profitant du départ de Charles Michel pour diriger le Conseil européen.

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La « méthode Costa »

À Bruxelles, l’ancien Premier ministre n’arrive pas en terrain inconnu. Il a été député européen, et, surtout, il a participé durant huit ans aux Conseils européens dont il connaît toutes les ficelles. Il bénéficie d’une réputation flatteuse : on le sait adepte du compromis — qualité indispensable à Bruxelles. Il maîtrise plusieurs langues, dont le français et l’anglais. Et il a un très bon sens des relations humaines, ce qui pourra lui être utile pour « pacifier » les relations avec Ursula von der Leyen, qui étaient notoirement exécrables avec Charles Michel. « Il souhaite que cette rivalité entre institutions n’existe plus, et qu’il n’y ait plus ces chicaneries et ces mauvaises manières qui ont pu exister auparavant », observe Pascale Joannin, de l’Institut Robert Schuman. « Même si l’on n’est pas toujours d’accord et même si les objectifs ne sont pas toujours les mêmes, il veut éviter que s’installe une rivalité avec la présidente de la Commission comme cela a été le cas durant le mandat de Charles Michel. »

La « méthode Costa », ce sera également plus d’entretiens bilatéraux avec les dirigeants européens — plus de relationnel pour que l’Europe fonctionne mieux… Et pour cela, António Costa veut organiser des « retraites informelles » en plus des traditionnels sommets à Bruxelles. Avec moins de journalistes, et sans déclaration finale. La première de ces « retraites » sera consacrée aux questions de Défense, et devrait avoir lieu en février prochain à Bruxelles.

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