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Yémen: Huda Al-Sarari primée pour son enquête sur les prisons secrètes émiraties

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La guerre au Yémen, qui dure depuis 2015, a fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés dans le pays. Cette guerre oppose les Houthis soutenus par l'Iran, qui contrôlent la capitale, Sanaa, et le gouvernement replié dans le sud à Aden, appuyé par la coalition menée principalement par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Lors de leurs interventions pour combattre la présence d'al-Qaïda dans la péninsule arabique, les Émirats ont construit des prisons secrètes à Aden, où toute personne suspectée de liens avec une organisation terroriste était enfermée, torturée et parfois disparaissait. La Yéménite Huda Al-Sarari a contribué à mettre en lumière ces sites secrets, au péril de sa vie et de celle de ses enfants. Le prix Martin-Ennals des droits de l'homme lui a été attribué cette année pour ce travail d'enquête, un prix qu'elle a pu recevoir à Genève le 24 février. Portrait de Huda Al-Sarari, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes.

L'agence de presse Associated Press publie fin 2016 une première enquête sur ces dix-huit lieux secrets de détention gérés par les Émirats arabes unis près d'Aden. Une enquête basée sur les témoignages de membres des familles de ces détenus, ou de détenus eux-mêmes qui ont réussi à sortir de ces lieux de détention, des témoignages qu'avait recueillis l'avocate yéménite de 42 ans, Huda Al-Sarari. « Depuis que les Émirats arabes unis ont été chargés de la sécurité dans le sud du Yémen, après avoir libéré cette région des Houthis, ils ont créé de nombreuses milices. J'ai commencé à suivre la trace de ces milices, pour comprendre pourquoi ils détenaient ces gens. C'est là que j'ai compris qu'il y avait un réseau de prisons secrètes, sans aucune existence légale. On a obtenu des informations selon lesquelles les détenus dans ces installations avaient été brutalement torturés. Il fallait que je fasse entendre leurs voix à travers mon enquête. J'y suis parvenue grâce à Associated Press puis aux ONG Human Rights Watch et Amnesty International. Ces organisations ont pu soutenir le travail de documentation que je faisais sur ces prisons. »

Détentions arbitraires de plus de 18 000 personnes, dont de très jeunes hommes, tortures, mauvais traitements, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, voilà ce qu'a pu rapporter Huda Al-Sarari, sur au moins dix-huit sites de détention secrets. Ce qu'elle a dénoncé lui a valu rapidement des menaces. « Après les articles sur l'existence de ces prisons secrètes, et une interview que j'ai donnée à un média, j'ai commencé à recevoir des menaces de mort et j'ai subi une campagne de diffamation sur les réseaux sociaux. Et puis il y a eu cet événement au cours duquel mon fils s'est fait tirer dessus en avril 2019, il est mort des suites de ses blessures un mois plus tard. J'ai ensuite reçu de nouvelles menaces, contre mon autre fils, si je n'arrêtais pas mes activités. »

Huda Al-Sarari demande que les procureurs yéménites puissent enquêter, elle veut aussi que les alliés de la coalition fassent pression sur les Émirats. « Les Émirats arabes unis s'appuient sur leur relation particulière avec les administrations américaine et européenne pour défier le reste du monde et violer les droits de l'homme au Yémen ! Notre message s'adresse à l'opinion publique, particulièrement aux États-Unis et à l'Europe pour que les gens fassent pression sur leurs gouvernements et demandent aux Émirats d'arrêter de violer les droits de l'homme au Yémen. »

Son travail d'enquête est d'autant plus difficile qu'elle est une femme dans une société où la pression est encore plus forte. « Oui, en tant que femme, c'est très difficile. Le Yémen est une société très patriarcale, du coup les gens ne s'attendent pas à ce qu'une femme soit une avocate suffisamment forte. Les mots et les insultes qu'on a utilisés contre moi ont affecté ma relation avec ma famille qui avait peur, et s'inquiétait pour moi. Les menaces contre mes enfants, ça m'a fait réfléchir : est-ce que je dois continuer mon combat pour les droits de l'homme ou pas ? Si je fais une pause dans mon travail, c'est juste pour respirer un peu. Mais il faut que je continue à travailler avec les mères des détenus, elles ont été très courageuses, elles me donnent beaucoup d'énergie et d'espoir. »

Le prix Martin-Ennals pour les droits de l'homme qu'Huda Al-Sarari a obtenu à Genève pourrait beaucoup l'aider. « Ce prix va me donner une certaine protection, cela va me permettre de continuer mon travail, c'est très important car j'ai subi de nombreuses menaces au cours de mes enquêtes. Je voudrais surtout développer les activités de mon ONG Défense pour les droits et libertés et mon travail auprès de l'association des mères de détenus. »

Huda Al-Sarari a rencontré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de la session du Conseil des droits de l'homme qui se poursuit cette semaine à Genève. Pour des raisons de sécurité, aucune date n'a été communiquée sur le retour de Huda Al-Sarari à Aden.

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La guerre au Yémen, qui dure depuis 2015, a fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés dans le pays. Cette guerre oppose les Houthis soutenus par l'Iran, qui contrôlent la capitale, Sanaa, et le gouvernement replié dans le sud à Aden, appuyé par la coalition menée principalement par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Lors de leurs interventions pour combattre la présence d'al-Qaïda dans la péninsule arabique, les Émirats ont construit des prisons secrètes à Aden, où toute personne suspectée de liens avec une organisation terroriste était enfermée, torturée et parfois disparaissait. La Yéménite Huda Al-Sarari a contribué à mettre en lumière ces sites secrets, au péril de sa vie et de celle de ses enfants. Le prix Martin-Ennals des droits de l'homme lui a été attribué cette année pour ce travail d'enquête, un prix qu'elle a pu recevoir à Genève le 24 février. Portrait de Huda Al-Sarari, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes.

L'agence de presse Associated Press publie fin 2016 une première enquête sur ces dix-huit lieux secrets de détention gérés par les Émirats arabes unis près d'Aden. Une enquête basée sur les témoignages de membres des familles de ces détenus, ou de détenus eux-mêmes qui ont réussi à sortir de ces lieux de détention, des témoignages qu'avait recueillis l'avocate yéménite de 42 ans, Huda Al-Sarari. « Depuis que les Émirats arabes unis ont été chargés de la sécurité dans le sud du Yémen, après avoir libéré cette région des Houthis, ils ont créé de nombreuses milices. J'ai commencé à suivre la trace de ces milices, pour comprendre pourquoi ils détenaient ces gens. C'est là que j'ai compris qu'il y avait un réseau de prisons secrètes, sans aucune existence légale. On a obtenu des informations selon lesquelles les détenus dans ces installations avaient été brutalement torturés. Il fallait que je fasse entendre leurs voix à travers mon enquête. J'y suis parvenue grâce à Associated Press puis aux ONG Human Rights Watch et Amnesty International. Ces organisations ont pu soutenir le travail de documentation que je faisais sur ces prisons. »

Détentions arbitraires de plus de 18 000 personnes, dont de très jeunes hommes, tortures, mauvais traitements, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, voilà ce qu'a pu rapporter Huda Al-Sarari, sur au moins dix-huit sites de détention secrets. Ce qu'elle a dénoncé lui a valu rapidement des menaces. « Après les articles sur l'existence de ces prisons secrètes, et une interview que j'ai donnée à un média, j'ai commencé à recevoir des menaces de mort et j'ai subi une campagne de diffamation sur les réseaux sociaux. Et puis il y a eu cet événement au cours duquel mon fils s'est fait tirer dessus en avril 2019, il est mort des suites de ses blessures un mois plus tard. J'ai ensuite reçu de nouvelles menaces, contre mon autre fils, si je n'arrêtais pas mes activités. »

Huda Al-Sarari demande que les procureurs yéménites puissent enquêter, elle veut aussi que les alliés de la coalition fassent pression sur les Émirats. « Les Émirats arabes unis s'appuient sur leur relation particulière avec les administrations américaine et européenne pour défier le reste du monde et violer les droits de l'homme au Yémen ! Notre message s'adresse à l'opinion publique, particulièrement aux États-Unis et à l'Europe pour que les gens fassent pression sur leurs gouvernements et demandent aux Émirats d'arrêter de violer les droits de l'homme au Yémen. »

Son travail d'enquête est d'autant plus difficile qu'elle est une femme dans une société où la pression est encore plus forte. « Oui, en tant que femme, c'est très difficile. Le Yémen est une société très patriarcale, du coup les gens ne s'attendent pas à ce qu'une femme soit une avocate suffisamment forte. Les mots et les insultes qu'on a utilisés contre moi ont affecté ma relation avec ma famille qui avait peur, et s'inquiétait pour moi. Les menaces contre mes enfants, ça m'a fait réfléchir : est-ce que je dois continuer mon combat pour les droits de l'homme ou pas ? Si je fais une pause dans mon travail, c'est juste pour respirer un peu. Mais il faut que je continue à travailler avec les mères des détenus, elles ont été très courageuses, elles me donnent beaucoup d'énergie et d'espoir. »

Le prix Martin-Ennals pour les droits de l'homme qu'Huda Al-Sarari a obtenu à Genève pourrait beaucoup l'aider. « Ce prix va me donner une certaine protection, cela va me permettre de continuer mon travail, c'est très important car j'ai subi de nombreuses menaces au cours de mes enquêtes. Je voudrais surtout développer les activités de mon ONG Défense pour les droits et libertés et mon travail auprès de l'association des mères de détenus. »

Huda Al-Sarari a rencontré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de la session du Conseil des droits de l'homme qui se poursuit cette semaine à Genève. Pour des raisons de sécurité, aucune date n'a été communiquée sur le retour de Huda Al-Sarari à Aden.

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