Parapluie

Apprendre et perfectionner le français

Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
Avez-vous bien ouvert votre parapluie ? Comment comprendre cette interrogation aux allures banales ? Plusieurs réponses sont possibles. En effet, cette allusion à un parapluie peut ne pas avoir de rapport direct avec le temps qu’il fait : il peut s’agir d’un accord parapluie. On appelle ainsi les accords qui protègent les données personnelles, stockées de manière informatiques, pour éviter qu’elles ne soient consultables par tout le monde. Donc on les enferme, on les verrouille, on les cadenasse. Ou plutôt, on les met à l’abri, sous un parapluie. Et de façon tout à fait logique, cette image correspond souvent à un geste de protection : on évite de s’exposer, on évite la pluie ou l’orage. À ne pas confondre avec le parachute, qui évite l’écrasement au sol, et dont l’usage figuré et économique fait allusion à des indemnités, en général généreuses, accordées à quelqu’un qu’on prive de son poste de direction. Et même, pour en rajouter, on parle de parachute doré.

Le parapluie, lui, n’est pas doré, mais il sert de casque augmenté, tout au moins élargi.

Et on le trouve dans d’autres usages figurés, qui le tire du côté de la politique plus que de ce club des pratiques informatiques : on ouvre le parapluie. En général, l’expression est moqueuse, et elle souligne un aspect apeuré, peut-être même un peu lâche de la part de celui qui le fait. Il s’agit, lorsqu’un danger se profile, ou une accusation, une mise en cause, de pourvoi dire : « Moi ? Mais pas du tout ! Je n’ai rien à voir là-dedans ! Je ne suis nullement mêlé à tout ça ! » On se défausse, quitte à laisser l’accusation retomber sur quelqu’un d’autre.

Enfin, on trouve un dernier usage métaphorique du parapluie : son utilisation première sert à le métamorphoser, à lui faire changer de forme assez facilement ! Il s’agit des espèces parapluie, et nous sommes là dans une préoccupation de biologie. Certains animaux appartiennent à ces espèces si la préservation de leur habitat sert à protéger l’habitat et donc l’existence d’autres animaux. Ainsi dit-on que le tigre est une espèce parapluie. Heureusement qu’il n’en sait rien : il pourrait en être contrarié, et un tigre contrarié n’est pas toujours facile.

Dernière précision : un parapluie, en langue familière est un pépin. Plus familier encore, le pébroc, qui est ce qu’on appelle une resuffixation argotique : on change le suffixe, c’est à dire la terminaison. Pourquoi pépin ? Simple souvenir d’une pièce de théâtre du début du XIXe siècle, où l’on voyait un certain monsieur Pépin toujours affublé d’un grand parapluie.

Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.

En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)